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La circulation au Plateau Mont-Royal
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8 juillet 2006

"Marcheurs de la tête aux pieds"

Un article de Lisa-Marie Gervais dans le Devoir d'aujourd'hui; VIVE LA MARCHE.

Depuis les débats houleux sur la question de Kyoto et la hantise de sombrer dans la malbouffe, la marche à pied, pratique première du citadin, serait-elle en train de s'inscrire dans les nouvelles préoccupations urbaines? Profil de ces marcheurs de la ville... beau temps, mauvais temps.

Quatre fois par semaine, dès 5h du matin, Pierre Maisonneuve est sur la route du boulot. Les yeux grands ouverts sur Montréal qui s'éveille doucement, il parcourt à pied les cinq kilomètres qui séparent son domicile de Radio-Canada, tout en écoutant les nouvelles de sa station, branché qu'il est sur son i-river... mais rien que d'une oreille. «C'est pour demeurer alerte et attentif aux bruits de la ville», précise le journaliste, prudent.

Pour ce marcheur invétéré qui a dû subir un triple pontage, mettre un pied devant l'autre pendant près d'une heure matin et soir lui permet avant tout de garder la forme. Mais aussi d'observer le design des corniches, les couleurs des façades. Et surtout cette lueur de l'aube qui enveloppe le parc Lafontaine en hiver et qui lui rappelle chaque fois qu'il n'y a pas deux matins qui se ressemblent. «Comme journaliste, marcher me permet de voir vivre les gens», dit l'animateur de Maisonneuve en direct, qui avoue regretter amèrement ses 25 années passées en banlieue, qui l'ont contraint à vivre l'enfer des ponts.

Marcher en ville plutôt qu'en forêt ? «Pourquoi pas ?», s'est un jour dit Pierre Maisonneuve, qui reconnaît pour l'instant ne pas avoir assez de temps pour s'évader en randonnée à la campagne. «C'est aussi une façon d'intégrer une activité physique dans mon quotidien.»

Marcher devient un moyen de locomotion presque aussi rapide que les transports en commun ou la voiture, trop souvent ralentie par les embouteillages, estime pour sa part Nicolas R. Thibodeau, candidat pour le NPD dans l'arrondissement de Mont-Royal lors des dernières élections fédérales. «Je pars quand je veux, je n'ai pas besoin d'attendre l'autobus. Il n'y a jamais de congestion sur les trottoirs», dit le jeune politicien, qui privilégie la marche dans ses déplacements, été comme hiver.

Selon un sondage mené par Environics dans le cadre d'une étude nationale sur le transport actif, si près de huit Canadiens sur dix optent pour la marche à pied dans leurs loisirs, peu d'entre eux utilisent ce moyen de transport pour aller au travail; 70 % ne le font d'ailleurs jamais. Pourtant, ce constat s'améliore considérablement si l'on ne tient compte que des gens vivant à 30 minutes (2,5 km) ou moins d'une destination donnée.

Pas étonnant puisque la distance est la première cause évoquée pour expliquer le manque d'intérêt des Canadiens pour la marche (49 % des répondants), suivie du manque de temps (19 %) et de la météo (18 %).

«Il y a une certaine barrière psychologique qui fait qu'au-delà de 20 minutes, les gens ne veulent pas marcher pour se rendre à destination», note Anne Juillet, chargée de projet à Voyagez futé Montréal, un centre qui propose à des entreprises des solutions de rechange au transport en voiture, comme les vélos libres ou le covoiturage. Chaque Canadien effectuerait annuellement près de 2000 voyages de moins de trois kilomètres en voiture, selon Vert l'action, qui fait la promotion du transport écologique. Autant de trajets qui pourraient être parcourus à pied ou à vélo, déplore l'organisme sur son site Internet.

Dans la région de Montréal, plus de 10 % des déplacements se font exclusivement à pied ou à vélo, selon les données comptabilisées à l'heure de pointe le matin de l'enquête Origine-Destination 2003. Un pourcentage que Jean-François Pronovost, directeur de Vélo Québec et membre du conseil d'administration de Vert l'action, espère voir augmenter grâce au projet «Mon école à pied, à vélo», qu'il a mis sur pied l'année dernière dans les écoles sur le territoire de l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

«L'idée c'est de changer les habitudes des enfants, qui sont influencés par leurs parents pressés qui utilisent trop souvent la voiture», explique M. Pronovost.

Pourtant, même en milieu urbain, à l'extérieur comme à l'intérieur, marcher, c'est bien connu, est un exercice aux mille vertus pour la santé. Mais 30 minutes de balade urbaine sont-elles suffisantes pour réduire les risques de maladies coronariennes, le gain de poids et l'hypertension, comme le suggère Santé Canada en recommandant une demi-heure d'activité physique par jour ? «Oui, à la condition de marcher régulièrement, avec une certaine intensité, et de ne pas déjà avoir un entraînement qui fait brûler davantage de calories», indique Chantal Daigle, coordonnatrice de la formation pratique en kinésiologie à l'Université de Montréal. «Une personne habituée à pratiquer une activité physique intense et qui se retrouve à simplement marcher pour se déplacer risque de voir sa condition physique se détériorer, car elle ne stimule plus autant ses systèmes métabolique, musculaire et cardiovasculaire», poursuit-elle.

L'espoir de voir de plus en plus de marcheurs prendre d'assaut les rues de la ville point néanmoins à l'horizon puisque la grande majorité des Canadiens voudraient idéalement marcher (82 %) ou se déplacer à bicyclette (66 %) plus qu'ils ne le font présentement, selon les données d'Environics. Mais de simples voeux pieux ne sauraient suffire. Si, en simple voyageur urbain, on arpente en long et en large Londres, Paris, New York... alors pourquoi pas Montréal ?

«Les Montréalais sous-estiment les distances qu'ils peuvent parcourir parce qu'ils ne l'ont jamais fait. Pourtant, la ville est assez dense et on peut parcourir l'essentiel en 30 minutes de marche», estime Jean-François Pronovost, auteur d'un livre sur cette activité. Avec ses pentes et ses rues quadrillées à intervalle régulier qui permettent de varier l'intensité de l'exercice, Montréal possède un bon potentiel pour l'activité physique, remarque pour sa part Chantal Daigle.

Pour inciter la population à marcher davantage, la clinique de kinésiologie de l'Université de Montréal offre des séances de marche thématiques, dans le but d'intégrer quelques notions d'histoire ou de culture à cette activité banale. Ainsi, l'été dernier, des marcheurs se sont amusés à repérer le nom de personnalités célèbres sur les pierres tombales du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dont celle d'Émile Nelligan pour y dire un poème. «On essaie par tous les moyens d'amener les gens à atteindre les objectifs santé qu'ils se sont fixés», explique-t-elle.

Moins pragmatique, l'écrivain et poète André Carpentier préfère plutôt battre la semelle dans le dédale de Montréal par plaisir, errer dans ses ruelles, sentir l'odeur du linge frais sur la corde, toucher les vieilles clôtures en fer ou les tôles des hangars. «Le fait de marcher en ville permet de se réapproprier son lieu, de trouver l'"infamilier" dans le familier et de découvrir des choses qu'on ne voit pas d'habitude, tout simplement parce qu'on ne prend pas la peine de regarder», dit ce directeur d'un collectif d'écrivains déambulateurs et auteur d'un livre sur les ruelles.

Dans une société où les minutes se font rares, flâner devient une façon d'user de son temps pour soi. «Le déambulateur pose son regard attentif mais qui semble désintéressé. En réalité, il emmagasine tout ce qu'il voit. C'est la veille du chasseur dans sa cache, l'éloge de la lenteur», souligne ce professeur d'études littéraires à l'UQAM, qui donne un séminaire sur l'écriture déambulatoire. Cet exercice à la fois actif et contemplatif lui révèle parfois de petits bijoux, comme cette pâtisserie de Parc-Extension à la vitrine garnie de gâteaux et de friandises, située tout juste en dessous... d'un cabinet de dentiste.

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Commentaires
E
Je suis entièrement d'accord avec l'article de L-M Gervais qui nous fait découvrir un nouveau sport et présente M P. Maisoneuve comme un bon ambassadeur<br /> <br /> Je souhaite à toutes lse personnes de cultiver l'amour de la marche. Les bénéfices à prévoir sont une nette amélioration de leur santé, une nouvelle perception de la Ville qui offre cette possibilité.<br /> <br /> Personnellement je marche chaque jour environ 30 à 120 minutes en ville et ma passion croît au rythme de mon endurance et de mes découvertes. <br /> <br /> merci à L-M Gervais
I
C'est grâce à la marche que par une nuit de février j'ai découvert la superbe petite rue Demers. Des sculptures de glaces réalisées par les résidants lui donnaient un caractère féérique cette nuit là!<br /> Tous les ans, dès novembre, je délaisse mon vélo pour mes bottines. Je marche, beau temps, mauvais temps. Il faut bien s'habiller, mais pas besoin de gym, c'est aussi excellent contre le stress. <br /> Comme mentionné dans l'article, je constate que les gens qui utilisent régulièrement leur voiture surestiment les distances à parcourir à pied, je le demande comment devrait se faire la promotion de la marche? Peut-être que les distances à parcourir devraient être indiquées en "temps" sur les cartes de quartier aux sorties du métro. Quelles sont vos idées?
La circulation au Plateau Mont-Royal
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